Est-ce un oiseau ? Est-ce un avion ? Non, c’est une Firebird !
01 novembre 2022,
Dans les années 1950, les constructeurs automobiles américains explorent l’utilisation du moteur à turbine. Chrysler connaît le plus grand succès du point de vue technologique, produisant une cinquantaine d’exemplaires de la Chrysler Turbine en 1964. Mais côté style, ce sont les designs hautement inspirés de l’aviation par General Motors (GM) qui se démarquent. Voici l’histoire fascinante de sa série Firebird.
GM Firebird I (1954)Dévoilée lors du salon Motorama de 1954, la Firebird I est essentiellement un jet sur roues. Le design de Bob McLean présente une forme allongée avec un nez pointu, des ailerons latéraux et arrière ainsi qu’une bulle vitrée en guise de toit.
Le Guide de l’auto rapporte que le moteur à turbine GT-302 Whirlfire du prototype atteint une puissance phénoménale de 400 chevaux, mais consomme une quantité astronomique de carburant : l’équivalent de 39 à 58 L/100 km. Autre problème : l’air expulsé de son tuyau d’échappement peut atteindre une température extrême au-delà de 537oC1 .
La voiture s’avère également difficile à piloter à grande vitesse. Lors du premier essai sur le circuit de test de GM en Arizona, le Milford Proving Ground, un conducteur perd le contrôle du prototype et est grièvement blessé.
GM Firebird II (1956)
Deux ans plus tard, GM met de côté sa quête de vitesse et présente plutôt ce que le manufacturier décrit comme « la première voiture à turbine américaine spécialement conçue pour la famille et pour l’autoroute du futur »2 . À mi-chemin entre un avion et une berline, le bolide comprend une carrosserie de titane et un toit entièrement vitré.
Son moteur à turbine GT-304 Whirlfire plus modeste de 225 chevaux consomme la moitié moins de carburant, soit 19 à 29 L/100 km. Considérant que les voitures américaines de l’époque font en moyenne 16 L/100 km3 , ce n’est pas si mal. Les chaleurs extrêmes du tuyau d’échappement sont tempérées grâce à un système de refroidissement régénératif.
GM Firebird III (1959)
Après deux années de pause, le salon Motorama de 1959 est l’hôte d’une nouvelle génération de la voiture à turbine de GM : la Firebird III. Ce coupé s’apparentant à un avion de chasse comprend une multitude d’ailerons aux angles prononcés et son cockpit est recouvert d’une verrière à double bulle. Son volant est remplacé par un joystick qui prend tout en charge : direction, accélération et freinage. Cette édition est également plus légère et moins énergivore — son moteur GT-305 requiert 50 % moins de carburant que le précédent — mais nécessite un moteur à essence secondaire pour faire fonctionner la climatisation, la servodirection et la suspension autonivelante.
GM Firebird IV (1964)
GM dévoile l’ultime bolide de la série lors de l’exposition internationale de New York de 1964 : la Firebird IV. Bien que conçu pour accueillir un moteur à turbine, ce prototype ne roulera jamais. Son style élégant marque une cassure avec les générations précédentes, avec ses lignes épurées et futuristes rappelant des ailes plutôt que des ailerons. À l’intérieur, les sièges s’inclinent et pivotent. Enfin, c’est un véritable salon sur roues équipé d’un mini-réfrigérateur, d’une table pliante et même, d’un téléviseur. Son design est repris presque intégralement en 1969, pour la Buick Century Cruiser.
L’héritage technologique de la Firebird
Avec l’adoption de lois visant à réduire les gaz à effet de serre et étant trop énergivores, les voitures à turbine sont abandonnées. Cependant, les Firebirds sont parmi les premières à intégrer des technologies aujourd’hui répandues : caméras de recul, système antiblocage des roues, régulateur de vitesse… La Firebird IV est même équipée d’un lecteur de cartes perforées qui aurait pu servir de système de navigation !
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3 https://www.cnbc.com/2015/08/12/driving-costs-the-same-as-it-did-in-the-50s.html
Sources des images : General Motors; carstyling.ru; guideautoweb.com